Après la mort d'une randonneuse dans le Cantal samedi, le débat sur l'autorisation de la chasse le week-end est relancé.
Les chasseurs, eux, soulignent avoir beaucoup travaillé sur la sécurité pour parvenir à faire drastiquement baisser le nombre d'accidents ces 20 dernières années.

L'épineuse question de la cohabitation entre chasseurs et promeneurs est à nouveau sur la table. La mort d'une randonneuse de 25 ans, samedi lors d'une battue aux sangliers dans le Cantal, relance le débat autour de l'autorisation de cette pratique le week-end notamment. Certains demandent même la suspension de la pratique pendant les vacances scolaires. La jeune femme est décédée samedi après-midi tandis qu'elle se promenait sur un chemin balisé avec son compagnon dans une commune proche d'Aurillac, mortellement blessée par une balle perdue dont l'auteure du coup de feu est une adolescente de 17 ans, qui a été placée dimanche en garde à vue pour homicide involontaire. 

Les chasseurs assurent pourtant qu'un tel acident peut être évité dès lors que les règles de sécurité sont scrupuleusement respectées. C’est l’argument de Claude Féraud, président de la société de chasse Villiers-sur-Seine, en Seine-et-Marne. Interrogé dans le reportage du 20H de TF1 en tête d'article à l'occasion d'une battue - pour laquelle lui et ses collègues sont vêtus d'un gilet de signalisation orange fluo -, il aperçoit deux chevreuils mais décide de ne pas les abattre. "Là-bas, au fond, il y a un chemin de halage où il peut potentiellement y avoir des promeneurs. Cela reste donc pour moi un tir dangereux, donc je ne le pratique pas", explique le chasseur en pointant du doigt l'horizon de la clairière. 

Ces précautions ne suffisent pas pour certaines associations, et certains partis politiques de gauche, qui réclament une mesure simple : au minimum un jour sans chasse par semaine. "Le drame d'hier montre que cette mesure est absolument nécessaire et incontournable", estime Mila Sanchez, fondatrice du collectif "Un jour un chasseur". "Dans la plupart des pays européens, il existe de telles journées, où les habitants des campagnes et plus largement toute personne peuvent se promener en toute sécurité", poursuit-elle.

L'âge des chasseurs et la dangerosité des armes aussi au cœur du débat

Il est vrai que la plupart de nos voisins ont franchi le pas : au Royaume-Uni, en Italie, aux Pays-Bas et au Portugal notamment, un jour de non-chasse a en effet été balisé, voire plusieurs par semaine. Cela a déjà existé en France : en 2000, la chasse a été interdite chaque mercredi, mais la mesure n’a duré que trois ans. Mais c'est une proposition "sur laquelle on doit avoir un débat", avait estimé la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, mercredi 3 novembre. "La majorité n'a pas de volonté d'interdire la chasse d'une manière ou d'une autre. Par contre, elle doit être régulée", avait-elle appuyé.

L’âge des chasseurs est aussi remis en question. La jeune fille à l'origine du tir mortel de samedi, dans le Cantal, avait obtenu son permis de chasse à 16 ans, a déclaré à l'AFP la secrétaire d’État chargée de la biodiversité, Bérangère Abba, qui a souligné ainsi "la question de l'expérience". Il est en effet possible d'obtenir son permis dès cet âge-là, moyennant une formation préparatoire auprès de la Fédération Départementale des Chasseurs pour passer un examen qui comprend à la fois des exercices pratiques de tirs et des questions théoriques sur la législation, précise la Fédération Nationale sur son site

Il est même possible de tenir un fusil à partir de 15 ans, si tant est que l'on est accompagné et que l'on a suivi une formation pratique également. "Cela fait cinq ans que je chasse, j'ai été accompagné par mon père dès la première année", explique un de ces jeunes chasseurs, âgé de 20 ans, qui a suivi cette formation. "Je pense que c'est aujourd'hui qu'au niveau de la sécurité, les jeunes apprennent le mieux", estime-t-il. 

Dernier point de débat : pour limiter les drames, ne devrait-on pas réduire la puissance des fusils utilisés ? Les chasseurs refusent en bloc. "On ne peut pas avoir des armes moins létales : lorsque l'on chasse, on tue", s'irrite Thierry Coste, conseiller politique de la Fédération Nationale des Chasseurs. "Mais dans la réalité, l'accidentologie est liée à une faute grave liée à un comportement, et pas à un type d'arme", défend-il. 

Pour défendre leur pratique, les chasseurs avancent surtout deux arguments : ils disent réguler certaines espèces, notamment les sangliers, mais ils soulignent aussi que les accidents diminuent depuis 20 ans. Ils sont passés de 232 en 2000 à 80 la saison dernière, dont sept mortels, selon l'Office français de la biodiversité. Sur ces sept victimes, six étaient eux-mêmes des chasseurs.


La rédaction de TF1info | Reportage TF1 Quentin Fichet, Paul Larrouturou et Solène Boissaye

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